27 septembre 2014

Vignemale depuis la Fruitière par le Col Gentianes

Enfin suffisamment de confiance pour aller me frotter au plus haut sommet des Pyrénées françaises et finalement pas de quoi s'affoler, le Vignemale me semble être à la portée de tout randonneur!


Je ne suis pas un collectionneur de sommet, ce que j'affectionne le plus, ce sont les itinéraires variés donc pas question pour moi de faire un aller-retour depuis le le barrage d'Ossoue.

J'envisage donc la réalisation d'une sortie "low cost" avec le moins de voiture possible, un bivouac en  autonomie complète et bien sûr une belle boucle.


Avec un départ vers 15h00 de la Fruitière (1371m), je vise un bivouac au Col des Gentianes (2729m) qui offre une vue originale sur la partie Est du massif du Vignemale (3298m).

Vallée (interminable) de Lutour

1er constat, la longue ligne droite de pratiquement 6 kms qui amène au refuge d'Estom (1804m) me paraît bien rébarbative.

Cependant elle semble avoir son public car tant à l'aller qu'au retour, c'est ici que je croiserai (à l'aller) ou doublerai (au retour) le plus de monde, et de loin! J'ai rarement vu une telle densité de marcheurs dans les Pyrénées...

Les Pics de Labas et d'Estom Soubiran se rapprochent finalement assez vite à partir du refuge, le sentier passe à flanc de montagne contournant par la droite le lac d'Estom, ça devient vraiment très agréable, toujours aucune difficulté.

A partir de ce moment, je me retrouve seul, quasiment jusqu'au lendemain midi sur le sommet du Vignemale!

Vers 2100m, j'envisage un instant de me diriger vers le Col d'Arraillé afin d'écourter ma marche d'approche. Mais le fait de cheminer soleil dans les yeux vers une zone sans lacs et potentiellement exempte d'eau et de plat pour bivouaquer ne m'inspire guère, je reste donc sur mon idée de départ...



Enchaînement somptueux de lacs :


Impossible de regarder ses pieds sur cette portion, quel bonheur! Sept lacs sur moins de 4 km agrémentés de 450 m+ complètement inoffensifs. Une promenade de santé réellement incroyable qui mérite d'être réalisée le plus lentement possible!

A vous d'en juger en images :




Lac Labas (2210m) et Lac des Oulettes d'Estom Soubiran (2360m)




Lac Glacé (2565m) le plus austère...

Arrivée vers 19h30 au Col des Gentianes (13km pour un peu moins de 1400m+).


Comme prévu le soleil est sur le point de se coucher ;-). La bonne surprise, c'est la vue complètement inédite pour moi sous cet angle du massif du Vignemale!

Vignemale depuis le Col des Gentianes

Mon programme de la soirée s'est constitué pendant la grimpette, je sais que je peux être long à installer le tarp, et je sais aussi que je m'endors mal quand je suis sur la digestion donc tout c'est ordonné naturellement. Je décide de manger avec la vue et le coucher de soleil et je cherche à m'installer après, quitte à redescendre un peu aux abords d'un lac, il y a des spots partout qui n'attendent que le ronfleur...

Un instant, l'idée de retrouver ma frontale complètement déchargée m'a traversé l'esprit, ça aurait été une grosse galère car pas de lune cette nuit...

Après le repas, je perds environ 100m pour atteindre le petit lac des Gentianes (2642m) et je tombe rapidement sur l'emplacement parfait.

Bivouac, Lac des Gentianes et Vignemale au fond...

J'ai déjà couru la nuit à l'occasion de trails, mais marcher dans la nuit (même peu longtemps comme ici) pour trouver un bivouac apporte son lot de sensations étranges. Le fait de ne plus avoir de vision de loin et de mal distinguer les cairns de l'itinéraire du lendemain, m'a poussé à écourter la promenade digestive...


Il ne fait déjà que 3°C quand je monte l'abri vers 21h00, j'ai un peu froid au bout des pieds, c'est l'inconvénient des Speedcross 3 de Salomon qui sont très fines sur l'avant et qui ne facilitent pas vraiment la circulation sanguine... Une tisane et au lit!


Nuit très calme, pas de vent, pas de rosée, pas la moindre présence animal. Température négative (-1°C) de 23h00 à 4h30 environ. Le jour se lève sur 1°C.

Il faut être convenablement équipé, quelques degrés de moins et je dépliais la couverture de survie...

Vignemale et Bayssellance au lever du jour!

Départ 7h40 soit 1h20 après le réveil, aurores et lever du jour sublimes, un spectacle qui n'a pas de prix!

Nous touchons maintenant au problème technique qui m'a impacté durant cette rando ; j'ai perdu toute ma matière photo et vidéo de l'ascension du Vignemale...

L'itinéraire continue d'être somptueux, avec tout d'abord la descente très agréable sur les grottes de Bellevue et bien sûr la mythique remontée du glacier!!!


Direct au sommet :


Une petite vidéo de mon arrivée pour les sceptiques ;-) :



Il faut compter environ 3h00 du Lac des Gentianes au Vignemale. L'ascension du glacier n'est ni spécialement physique ni particulièrement technique, avec les conditions rencontrées ce jour sur le glacier, pas de risques majeurs à signaler...

J'ai mis les crampons vers 2900m davantage pour le confort de la marche que par nécessité, nul doute qu'en "grosses" il n'y en avait pas besoin.

La partie finale se fait avec un peu les mains comme vous le voyez sur la vidéo. Le risque principal ici viendrait plutôt selon moi, des bourrins en groupe qui ont tendance à faire partir des pierres...

En revanche, seul et en prenant mon temps, je n'ai pas craint une seule fois de partir dans le décors en cas de chute. Personne au sommet entre 11h00 et 12h00, je profite de cette situation exceptionnelle pour sortir le réchaud : au menu, couscous, soupe, fromage, café... Le grand luxe!

Au moment où j'amorce la descente, un duo d'espagnol arrive tout juste pour prendre le relais, le timing est parfait!


La vue depuis le Vignemale :


Vers le Sud-Ouest
L'Ossau vu d'en haut pour une fois!


Descente du Vignemale :


Alors que commence à arriver quelques randonneurs, je reprends pied dans la neige que je quitterai le plus bas possible c'est à dire vers 2600m empruntant pour cela le glacier en restant à droite au maximum sans me rapprocher de trop prêt des crevasses.

Là aussi je finis par remettre les crampons pour le confort, le piolet n'aura été d'aucune utilité et je ne l'emmènerai pas lors de ma prochaine visite des lieux...

Cap sur le refuge de Baysselance atteint en redescendant le moins possible sur mon itinéraire de montée grâce à un passage à flanc assez raide. Puis remontée à la Hourquette d'Ossoue (2734m) via le GR10 afin d'aller chercher le Col d'Arraillé (2583m) préféré pour aujourd'hui au Col de Labas.

Grosse pensée pour mes copains de Xiberotarrak qui ont réalisé de beaux chronos au départ de Cauterets lors du Trophée du Vignemale,


Un des nombreux intérêts de cette boucle, c'est maintenant de pouvoir profiter de la fameuse face Nord du Vignemale, en balcon et tout proche du glacier et de ses crevasses.


Le retour à la voiture a été ponctué par un énorme coup de mou dans la descente du Col d'Arraillé pas si évidente que ça pour les appuis : 2.5km et 400m- parcouru en 1h00! Les blocs de granite de petite et moyenne nécessitent une attention forte.

On rejoint ensuite l'itinéraire des Lacs et de là jusqu'à la fin, ça déroule tout seul : les 7km et environ 700m- de descente restants sont parcourus en 1h20 après avoir repris quelques forces en mangeant.

Je serais curieux de voir comment ça passe dans le vallon du Labas décrit comme assez exposé. Je pense néanmoins que ça aurait été une bonne solution en terme de gain de temps et d'énergie. A explorer, d'autant plus que le Trophée du Vignemale emprunte cette section.

Bref, une magnifique rando dans un secteur mythique qui s'apprécie d'autant plus avec du bivouac si l'on veut au maximum éviter de passer deux fois par le même endroit et de part la longueur des marches d'approche. L'enchaînement de lac de la vallée du Lutour est incontournable!

Au total, environ 36km et 2770m+ et -.

7 commentaires :

  1. Anonyme3/10/14

    Tu me fais peur de partir tout seul.... Mais bravo ! NF

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    1. Pas toujours plus riqué sur pas mal d'aspects sauf en cas d'accident...

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  2. Bonjour,
    Votre blog est bien sympa, avec des photos de qualité donnant quelques idées soit de randos soit d'évasion...
    J'aime la rando en montagne et je suis photographe professionnel.
    Depuis peu, je développe un site faisant la part belle à Midi-Pyrénées et donc à ses belles montagnes, de l'Ariège aux Hautes-Pyrénées en passant par le sud de la Haute-Garonne.
    Merci de nous faire partager votre passion.
    Bien amicalement.
    Philippe

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  3. Anonyme26/10/14

    Tout à fait d'accord avec toi sur la tranquillité et la sécurité lorsqu'on est tout seul à un tel niveau, ça permet d'être bien concentré et de vivre profondément chaque seconde. Ça donne aussi un caractère assez spirituel.
    Le Vignemale est encore un rêve pour moi, tant que la peur du vide me dominera...
    Merci à toi d'avoir partagé cette aventure sur ton blog, les sensations transpirent à travers tes photos et tes commentaires. Mickaël.

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    1. Merci Mickaël, il y a assez peu de passages exposés finalement, je ne doute pas qu'en partant avec un guide tu arriverais sans encombre au sommet et que ton rêve se réalisera.
      Sur quelle rando par exemple tu as déjà été mis à mal à cause de la pente?

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    2. Anonyme28/10/14

      Juste pour replacer le contexte : j'ai débuté "sérieusement" les ascensions en montagne il y a seulement quelques mois. Un vieux rêve que je réalise enfin, et quelles sensations ! Ce rêve qui a commencé est cependant entaché d'un certain amateurisme et probablement aussi d'une certaine inconscience de ma part, du moins c'est comme ça que j'analyse les choses avec du recul suite à ma dernière sortie. Mais en même temps, on en fait une, puis une autre, puis une autre, cela devient littéralement une drogue. Rien de très original sans doute, tu dois savoir de quoi je parle.
      Ma dernière sortie, c'était il y a 3 jours. Je pars pour le Piméné via Gavarnie. La première heure dans l'obscurité a été fabuleuse. J'ai choisi de faire une boucle par l'hôtel du cirque et la corniche à l'aller (pour éviter la foule au retour et parce que je préfère ne pas passer deux fois au même endroit). Ayant fait la Hourquette d'Alans quelques jours auparavant, j'étais plus ou moins en terrain familier, et c'est avec un grand plaisir et une certaine confiance que j'ai réalisé la plus grande partie de mon ascension.
      Mais j'ai très vite déchanté à l'approche du sommet (la pente n'a pas été véritablement un obstacle, du moins pas pour la montée). Sur la dernière partie, on se retrouve forcément sur la crête. Et là, la peur du vide, comme jamais je ne l'avais connue. Ce qui est terrible, c'est que je ne contrôlais rien. Alors à un moment, je me suis arrêté. Il restait environ 150 m pour atteindre le sommet, moi je me suis assis. Je n'ai peut être pas su maîtriser cette sensation. Physiquement, c'est certain, je n'étais plus du tout sûr de pouvoir assurer mon équilibre. Cette peur du vide est naturellement entrée en conflit avec la frustration de ne pas aller jusqu'au bout. Mais j'étais soulagé d'avoir décidé de m'arrêter.
      Un randonneur qui passait par là m'a pourtant encouragé à poursuivre, mais j'ai préféré redescendre car je ne le sentais vraiment plus. Je dois d'ailleurs le remercier : il m'a aidé à redescendre car je partais sur une mauvaise piste. Bizarrement, nous avons fait chemin inverse un long moment sur la crête, en direction de la Hourquette, et je n'avais quasiment plus le vertige. Je n'ai jamais autant savouré une descente, j'aurai pu rentrer en petites foulées. Étonnant ce regain d'énergie.

      Tu as raison pour le guide, ce sera pour moi une prochaine étape afin de progresser et apprendre. Apprendre la technique et apprendre à mieux gérer mes sensations.

      Petite réflexion de débutant d'ordre philosophique "à chaud" : outre la beauté des paysages, outre le bien être qu'apportent l'air pur et l'exercice physique, se retrouver seul confronté à la montagne et la nature en général, permet un travail sur soi vraiment enrichissant : on apprend à mieux se connaître, à être en phase avec ses émotions, à gérer ses conflits intérieurs, on se sent grandi après chaque sortie. Quelque chose de probablement commun à beaucoup de gens qui, même s'ils partent seuls, vivent des expériences communes.
      Et les forums sont là pour le partage de ces expériences.
      Mickaël.

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